Ce sont pourtant…

(Publié dans la revue La main millénaire n°3 – Été 2012)

Ce sont pourtant les rives d’un fleuve sibérien qui me sidèrent,
Un voyage que je ne commettrai pas.
Un paysage que je ne ferai pas mien.
Son débit calme où je ne noierai rien, bien j’en sente affluer la puissance dans mes veines,
Comme une drogue.
S’invitant comme une drogue et disparaissant de même.

Je resterai au chaud loin des beautés inconnues,
Ou si peu.
Suffisante me restera la promesse
Ensauvagée et sinueuse de son lit.

*

Je ne serai donc pas celui qui en vient,
Rien à sauver que mon foutu égoïsme, alors!
Je n’appartiendrai pas à ses rives maladroites,
Ni à ce corps trop grand.
Ni à rien d’autre.

Nulle menace
Nul prophète
Nulle utopie.
Non, aucune de ces choses.

Suffisantes m’en resteront les promesses.

*

Le lendemain, je garde au frais de ne pas esquinter hier,
Le porte à mon sein stérile.
C’est sans doute très bien ainsi.

(…)

Encore me sidère
Sans doute un songe sibérien
Un fleuve qui désunit les clameurs
Ou les charrie.

*

Comme une drogue, c’est parti,
L’on s’en réveille.
Des rives charnelles ne parviennent plus que des craintes

Abyssales

Le lit, tant désiré, n’est qu’une grimace, une cicatrice du paysage.
Mais je mens.