Un beau retour de concert sur “ventdart.over-blog.com”

Salut!

Merci à Sylvie Lefrère pour ces mots! Prochain rdv, dans trois semaines à Lodève.

Pour voir l’article original c’est par là:http://ventdart.over-blog.com/article-l-amour-incarne-120558066.html

J

Dimanche 13 octobre 2013

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Ce soir à La Laiterie, dans le quartier des anciens abattoirs, Julien Fortier et ses musiciens se produisent, pour notre plus grand plaisir…Ils vont alimenter notre mélancolie, decouper nos chairs pour saigner à blanc nos coeurs, tout en nous arrachant quelques sourires.

Je l’ai découvert par hasard au printemps dernier. J’ai croisé une amie qui  se rendait  à son concert. Par curiosité, en rentrant chez moi, je regarde  sur internet, et là, vive émotion… Un chanteur d’une grande élégance à l’écran, et surtout une voix, grave et tremblante, qui dévoile des mots. Ces paroles ne m’ont plus quittées jusqu’à cette  soirée d’automne.

Ses thèmes: les émotions, les soirées tardives d’étudiants, les allers et retours des relations amoureuses, les premiers émois, ceux qui durent, et les restes. Une âme sensible incarnée.

A l’entrée dans la salle, je l’aperçois. Je l’imaginais grand, je le découvre menu. Je le croyais d’ âge mur, je le découvre avec son air de jeune homme.

Pour monter sur scène , il enfile sa veste noire, qui l’habille instantanémént en prince d’un soir. Derrière lui un décor se dresse. Des paravents en  bois, quelques objets épars. J’imagine un cabaret d’un autre temps. Julien est d’un autre siècle. Inclassable. Ses musiciens, complices, Olivier au violon, et aux percussions, Florian aux claviers. Leurs regards de connivence renforcent notre lien avec eux.

Un jeu sur scène se met en place, celui qui nous englobe et nous rend vivants, en écho. On monte dans chaque wagon/ chanson qui nous rassemble. Comme dans un train remplit d’expériences, faisant un arrêt à chaque étape: Chloée, Les idées sombres, Le bistrot, les retrouvailles…Les vieux amants. Et sur le quai, un  corps qui danse. Julien entame une chorégraphie, de dos, avec ses mains qui caressent ses épaules, entourées d’un boa en plumes noires. Je vois tout à coup Barbara… Le trouble atteint son summum.

Une voix grave d’homme dans un corps sensuel. Une enveloppe masculine qui a dû emmagasiner tant d’émotions…

Je l’imagine au temps des poétes de la fin du 19ème siecle, entre volutes de fumée d’opium, dans des atmosphères intellectuelles et nébuleuses…

Du rêve il nous en  procure. Et quand il entonne “les vieux amants” de Jacques Brel , je ne suis plus au 21eme siècle. Je suis hier, je suis il y a quelques mois, quelques années, téléportée. Je suis boussole, ou machine à remonter le temps. Autour de moi, mes voisins ont les yeux humectés; avons nous tous en souvenir des amants tant aimés et maintenant disparus? …

Mais l’humour de la vie réapparait dans une dernière chanson; une pirouette, légère.

Nous étions captifs, nous sortons précipitemment pour prendre l’air. Julien Fortier et ses musiciens nous ont plongé dans le lit d’une rivière de mots et d’images, où nous avons pû nager, couler, nager à nouveau, plus vite, pour finalement se retrouver à la surface de  l’eau. Nous sommes comme lavés, nettoyés de nos souvenirs plombants. Scaphandriers d’un soir. Et nouveaux explorateurs pour demain…

Sylvie Lefrere